Études de K

Les Études de K sont de petits billets de blogue sans prétention basés sur nos expériences et observations concernant notre vaste industrie. Les sujets seront variés, abordant tant le marketing que le cinéma en passant par le graphisme, l’animation graphique

(motion design) et bien plus.

par Eric Robillard 22 août, 2023
L’intelligence artificielle et l’illustration

04 oct., 2022
Dans les forums réunissant des groupes de graphistes (tels ceux sur Facebook), voici une question qui revient souvent: « J’ai un ordinateur iMac de 27 pouces qui commence à se faire vieux et je voudrais le remplacer, mais ne sais pas trop quoi acheter. Pouvez-vous me conseiller? ». C’est grosso modo le questionnement de nombre de pigistes. Le iMac de 27 pouces, un ordinateur puissant, est probablement le modèle le plus populaire chez les graphistes. Les premiers modèles avaient des problèmes de surchauffe, mais ce sont des machines pratiquement indestructibles. Et le rapport qualité-prix était très raisonnable… pour un Mac. En plus de son écran 5K, de son processeur performant et rapide, y ajouter de la mémoire RAM était aussi simple que changer les piles d’une télécommande. Hélas, la production de ce modèle est terminée depuis cette année. Les temps changent Les nouveaux modèles iMac les M1 2021 sont magnifiques, tout en couleur, l’écran 4.5 k est superbe et le cadre est plus mince donc avec une dimension de 24 pouces, ça demeure quand même grand. Cependant, ce sont des machines fermées: impossible d’ajouter de la mémoire RAM par la suite, et il n’y a pas de prise réseau sur l’ordinateur lui-même, on doit l’ajouter en option et celle-ci se trouvera sur le bloc d’alimentation. Avant le iMac, Apple présentait le Mac Mini M1. Comme le iMac, il ne comptait que 8 ou 16 gigaoctets (Go) de mémoire RAM disponible, mais ce sont de véritables bombes. Kinos s’est procuré en 2021 ces 2 modèles: le Mini M1 et le iMac 24 po M1. Les deux sont plus rapides que les derniers Mac Pro (le modèle qui ressemblait à une petite poubelle noire, pas la râpe à fromage!). Pour le prix, c’est très impressionnant: le Mac Pro coûtait de 3000$ à 5000$ – voire plus selon la configuration –, et ce, sans écran. Quant au prix du iMac M1, est de 2500$, et celui du Mac Mini M1, 1500$. Et arrive le Mac Studio Cette machine est précisément destinée à nous, les graphistes. Oubliez le Mac Pro (la râpe à fromage); cette machine est destinée aux monteurs vidéo qualifiés, aux animateurs 3D et aux pros de la VR (Virtual reality (Réalité virtuelle), et non au Véhicule Récréatif!). Le Mac Studio M1 Max avec sa configuration de base est bien suffisant pour du graphisme, du montage vidéo ou du «motion design», et du gros Photoshop, ce qui répond aux besoins réels de notre clientèle. Je vous suggère fortement la mémoire Ram de 64 Go et un disque dur SSD de 1 téraoctet (To) minimum. Une machine qui se vend à un prix de détail de 2600$ – mais sans écran, ni clavier, ni souris; chacun étant vendu séparément. C’est la vie. L’écran maintenant Le nouveau moniteur Apple Studio est sûrement une dépense superflue, mais il est beau en ta…[barnouche?], et nous, graphistes, adorons ça, le beau. Dites-vous qu’un bon écran 4K peut très bien faire l’affaire mais frôle les 800$ à 1000$. Aussi, il y a toujours la rumeur que votre vieux iMac 27 pouces puisse être utilisé comme écran; par contre, je ne l’ai jamais essayé et si j’ai bien compris, ça dépend du système OS que vous employez. Comme on dit, faites vos propres recherches. Donc si vous êtes comme moi et considérez le Mac Studio et l’écran Apple 27 pouces (tant qu’à s’investir dans la qualité, allons-y à fond), sachez qu’on parle ici d’un achat de 5000$. Apple offre maintenant un plan de financement sans intérêt de 12 mois qui fonctionne bien. Aussi l’équipement informatique est déductible d’impôts sur 2 ans, si ma mémoire est bonne, et il y a l’augmentation de performance à considérer (ce sont là mes meilleurs arguments pour convaincre ma conjointe – qui est aussi notre comptable – d’en faire l’acquisition; j’espère que ça la convaincra). Plus de jobs plus vite Oui, une machine plus performante vous permettra d’en faire plus et plus rapidement. «Oui mais je ne suis qu’une personne», me direz-vous. Sachez que le gain de performance ne se trouve pas dans votre capacité à bouger la souris plus rapidement ou à copier-coller du texte à la vitesse de la lumière. Le gain de performance est obtenu dans les opérations complexes, les rendus des vidéos et l’exportation des animations, les sauvegardes de gros fichiers et les manipulations d’énormes fichiers Photoshop; c’est là que vous gagnerez du temps. Petite anecdote: l’an passé, nous avons réalisé une animation 3D pour un client, non pas un dinosaure qui mange la roue d’un Jeep, mais un simple module de filtration des eaux. L’animation durait 20 ou 30 secondes, et le rendu prenait 2 heures sur mon Mac Pro (la poubelle noire 8-cœur 64 Go), le rendu de la même animation a pris 20 minutes sur un Mac mini (M1 16 Go), c’est 1/6 du temps. Imaginez, sur un Mac studio; cette machine se paye presque toute seule (autre argument comptable!). Tu ne parles pas des PC? Ben non… Pour vrai, je ne connais pas suffisamment le marché des PC. Je travaille avec des Mac depuis plus de 30 ans. Mon premier amour: la LC2 beige avec l’imprimante Apple et le système Mac OS 9. Boum! ce fut le coup de foudre, et je n’ai depuis jamais regardé en arrière. La rotation d’équipements pour studio Un pigiste devrait changer de machine à tous les 3 à 5 ans, mais un studio devrait faire une rotation d’équipement après 2 ans. Ce qui veut dire budgéter de 2500$ à 5000$ par année pour changer l’équipement. La nouvelle (lire meilleure) machine sera toujours destinée à votre ceinture noire en Photoshop ou au monteur vidéo ou encore à l’animateur graphique. Son ancienne machine à un graphiste d’expérience, qui lui donnera la sienne à un chargé de projet, qui utilise Office ou l’internet, et ainsi de suite. Les machines les moins performantes devraient être données à des organismes ou des entreprises qui les recyclent de manière écoresponsable. Il est important de savoir que, au moment où vous avez au moins deux graphistes, vous devez absolument considérer l’investissement dans un serveur. Un Mac Mini fait très bien l’affaire au début et simplifie de beaucoup l’échange des fichiers entre vous. Bon, ça suffit pour aujourd’hui. Dans un prochain blogue, on parlera des archives et du classement des fichiers.
par Philippe Bouchard 29 sept., 2022
Bonjour, je suis le rédacteur en chef de Kinos, un studio spécialisé dans la conception et la localisation en anglais et en français de produits pour le divertissement (cinéma, télévision) et pour la consommation en général (alimentation, assurances, automobile) destinés au marché canadien. Depuis plus de 30 ans, je vous dis que j’en ai vu passer des modes et des formats: de la guerre Betamax/VHS au 4K; des compagnies d’assurance peu soucieuses d’offrir des services en français à la traduction de sites Web transactionnels, beaucoup de choses ont changé. Mais une chose est demeurée constante: l’obligation de fournir au consommateur la meilleure qualité de traduction et de rédaction possible. UN PEU D’HISTOIRE Ayant été formé au sein de l’équipe de NBICOM – une présence de la première heure dans l’industrie du divertissement à domicile au Canada – avant de passer chez Kinos, je peux vous dire que pratiquement tous ses grands joueurs ont sollicité notre collaboration: Warner, Disney, Fox, Alliance, Universal… and the list goes on, comme on dit en latin. Deux facteurs principaux ont donné naissance à notre pratique: la situation linguistique canadienne, avec ses deux langues officielles d’un océan à l’autre, et les lois du Québec sur le français comme seule langue officielle de la province. Du jour au lendemain, l’industrie avait l’obligation de distribuer ses produits en français ou en format bilingue, selon le marché visé. Aujourd’hui, c’est de tous les horizons que viennent les demandes pour nos services: cinéma, PME, OBNL, produits alimentaires, industries lourdes, studios de marketing. Tous à la recherche de qualité, de rigueur et de conformité. DES AMIS DE LONGUE DATE Le français européen est assez différent du français canadien, c’est donc dire que de localiser quelconque texte pour le marché canadien nécessitait de privilégier un niveau de français acceptable aux yeux et aux oreilles du public canadien. Nos clients ont toujours compris cela et nous ont toujours fait confiance pour bien adapter la mise en marché de leurs produits dans une langue que, pour la plupart, ils ne parlaient pas. Certains sont avec nous depuis plusieurs décennies – on doit sûrement faire du bon boulot! UN PROCESSUS RIGOUREUX Chez Kinos, le texte (traduction) et l’image (design graphique) évoluent main dans la main. À la réception d’un projet (disons une affiche ou un emballage DVD), le processus se met en branle: un traducteur et un infographiste y sont assignés, l’un prenant en charge la localisation langagière, l’autre, l’adaptation visuelle. Concentrons-nous sur le processus de traduction en prenant l’analogie d’une recette: il faut avoir les bons ingrédients, savoir bien les mélanger et les faire cuire à la perfection. Après avoir analysé le texte à traduire, le traducteur prépare le terrain (les ingrédients). Chaque client a ses préférences et ses allergies: un générique bilingue garni pour l’un, pas de critique en croûte, mais un slogan rehaussé pour l’autre, une tasse de suppléments par-ci, une larme de copyright par-là… Tout le texte à traduire est copié-collé puis intégré à un document qui passera ensuite au four de la traduction. À travers le prisme d’un logiciel d’aide à la traduction (ça s’appelle la «traductique» mais ne le dites à personne), le texte est assemblé par le traducteur qui demeure le cerveau de l’opération: la traductique AIDE le traducteur mais NE LE REMPLACE PAS. Chez Kinos, pas de traduction Google; les niveaux et choix de langage sont nombreux et ne peuvent donc être laissé entre les pattes de l’intelligence artificielle. La traductique permet de regrouper les préférences de chaque client et de les appliquer grâce aux mémoires de traduction. Quand sortira «Jaws 29: Les Sables de la 5G en folie», la base de données de Kinos se souviendra de la traduction du tout premier de la série. Un même slogan qui se retrouve sur l’affiche doit être constant sur tous les éléments subséquents: la bande-annonce, l’emballage, les annonces, le présentoir et tout le tralala. Chez Kinos, machines et humains s’unissent pour assurer un maximum de conformité. Et ça, c’est de la musique aux oreilles du client. ENTRE DES MAINS EXPERTES Le texte traduit est confié à un réviseur pour qu’il y pose un autre regard. Personne n’est à l’abri d’une coquille dans un mot ou d’une erreur de conjugaison. On révise, on discute, on conclut et puis on envoie le texte final au graphiste pour qu’il intègre à son montage les textes appropriés. Après quelques formules magiques et autres manipulations mystérieuses, une première épreuve du travail complété est scrutée deux fois plutôt qu’une dans une chaîne de révisions qui se conclut par l’envoi au client d’un PDF afin qu’il le commente ou l’approuve. Et on corrige, et on envoie. Et on corrige, et on envoie… jusqu’à ce que tout le monde soit satisfait du résultat. EST-CE UN PEU TROP? Vous vous demandez si notre processus n’est pas un peu pointilleux? Pas moyen de le rendre plus efficace? «Haste makes waste», dit-on encore en latin. Chez Kinos, le souci du détail est dans notre ADN. La barre sur le «t» et le point sur le «i», on les applique, urgence ou non; on tourne les coins, carrément, mais sans perdre un instant. Des milliers et des milliers d’éléments visuels plus tard, Kinos poursuit sa quête de l’excellence, de la qualité et de la conformité sur tous les produits, toutes les plateformes et tous les médias, en se refusant un siège de lauriers. Est-ce un peu trop? Non, ce ne sera jamais trop. Au plaisir de vous servir. Philippe Bouchard Rédacteur en chef, Kinos
par Eric Robillard 28 sept., 2022
L’an passé, je suis tombé par hasard sur un documentaire dont le sujet était la création d’affiches pour le cinéma. Ce documentaire – 24/36, pour ne pas le nommer –, que j’ai beaucoup apprécié, était très instructif. J’ai remarqué que les intervenants trouvaient que toutes les affiches étaient faites selon une formule usée et manquaient de créativité et que les visuels conçus par des fans ou destinés des marchés parallèles (festivals, emballages SteelBook, etc.) étaient plus beaux et plus imaginatifs. Je fais des affiches de films depuis près de 30 ans et je voulais profiter de l’occasion pour donner l’heure juste sur le métier d’affichiste. Le film La première chose à faire est de visionner le film. Que cette étape nous aide beaucoup ou peu, s’en inspirer peut rarement être une mauvaise idée. Parfois aussi, une bande-annonce ou une bonne discussion avec le distributeur suffit. À partir de là, l’objectif est de faire la synthèse d’un film de deux heures en une image. Les concepts Une fois le processus démarré, nous créons des concepts – en moyenne, 10 à 15 concepts différents. Au Québec et au Canada, la plupart des affichistes travaillent à partir de photos de plateau (images prises durant le tournage). Nous travaillons aussi avec des «grabs» ou photogrammes (images tirées du film) et des banques d’images. Lorsque ces concepts sont envoyés au distributeur, commence alors la valse des tests et des révisions. L’affiche finale sera en grande partie influencée par ce processus. J’ai dans mes archives plus de 1000 concepts d’affiches et à 95%, les concepts sont plus attrayants et plus créatifs que l’affiche qui fut finalement imprimée. Il faut dire que la créativité ne rime pas toujours avec efficacité. Une affiche, ça sert à quoi? L’affiche n’a qu’un seul but: faire la promotion du film. Ce n’est pas une œuvre d’art destinée à être accrochée dans un salon. Elle a pour objectif d’attirer les spectateurs dans une salle de cinéma ou de leur faire choisir votre film parmi une foule d’autres qui prolifèrent sur les multiples plateformes. Et si par la même occasion, nous parvenons à créer une image qui restera dans le temps et deviendra emblématique, c’est fantastique, mais cela demeure plutôt exceptionnel. Pris entre l’arbre et l’écorce L’affichiste est souvent pris entre l’arbre et l’écorce, à savoir entre le réalisateur/producteur et le distributeur. Si en général, leurs buts sont semblables, certaines différences sont parfois irréconciliables: le distributeur veut le plus de spectateurs et/ou de visionnements possible, tandis que la production espère un rayonnement national ou international et le ou la cinéaste est souvent émotionnellement impliqué(e) dans le film et le considère comme son bébé. Quoi qu’il en soit, notre client demeure le distributeur, et c’est de lui que nous recevons nos instructions. «L’affiche n’est pas mon film» Voilà la phrase que nous entendons le plus souvent des réalisateurs. Le fait est que l’affiche n’est pas et ne sera jamais le film. C’est un outil de promotion, un objet qui raconte sa propre histoire et qui est vu en relation avec les autres outils de promotion: bande-annonce, site Web, dossier de presse, publicité, etc. Chacun de ces éléments représente une partie de l’histoire du film et sert à ce que le film atteigne la plus grande notoriété possible. L’affiche n’est que la porte d’entrée de votre univers cinématographique, pas de l’univers au complet. Entouré de professionnels En général, les distributeurs sortent plusieurs films par an et ont beaucoup d’expérience – du moins, ceux que je connais. Idem pour les producteurs, et tous travaillent avec des collaborateurs d’expérience. Il est important de comprendre que le cinéma est une machine, et que cette machine peut s’adapter à toutes sortes de produits: films d’auteur, films de genre, films inclassables, etc. Tous ces films peuvent finir par trouver leur public, mais tout public est habitué à une esthétique et est familier avec un style d’images qui rejoint ses goûts et ses attentes. Ainsi, même s’il arrive de sortir des sentiers battus, on reste toujours dans la même forêt! La compétition Les salles de cinéma, l’internet et la télé sont envahis d’images et de publicités. Un visuel faible aux couleurs fades passe complètement inaperçu à côté des superproductions. Dès le départ, les budgets de mise en marché ici sont moindres. Il est donc important d’avoir une esthétique d’affiche qui ait une valeur commerciale. Il est aussi important de comprendre que la diffusion des affiches a changé dans les dernières années. Nous voyons tous les affiches sur nos téléphones ou sur des plateformes de diffusion, rendant les petits détails de moins en moins visibles et les visuels complexes difficiles à décoder. En conclusion Tout ceci ne veut pas dire qu’être créatif dans la création d’affiches de cinéma s’avère un pari perdu d’avance. Considérez plutôt qu’il s’agit de créativité encadrée qui a un but promotionnel. Adoptez un certain détachement par rapport à votre œuvre, gardez l’esprit ouvert, écoutez les intervenants qui vous entourent, prenez compte de leur expérience et n’oubliez pas: les meilleures affiches de l’histoire du cinéma sont associées à de grands films qui nous ont touchés.
par Eric Robillard 28 sept., 2022
Le domaine du graphisme et de l’image m’apporte encore beaucoup de plaisir et de fierté. Mon métier est valorisant car, bien qu’il puisse parfois paraître un peu superficiel vu de l’extérieur, il aide des produits à être attrayants et des entreprises à mieux se distinguer. Et le fait de travailler dans le domaine du divertissement à ses avantages: j’éprouve toujours une grande satisfaction de voir la dernière pochette d’un film américain sur laquelle Kinos a travaillé arriver sur les tablettes, autant que lorsqu’un film québécois dont nous avons fait l’affiche décore les abribus, les couloirs du métro ou l’entrée d’un cinéma, ou encore d’apprendre qu’un livre dont on a créé la couverture gagne un prix ou connaît des ventes dépassant les attentes, ou enfin quand un entrepreneur exhibe son nouveau logo ou son site web sur les réseaux sociaux et qu’il reçoit de bons commentaires; tous ces petits instants sont générateurs de fierté du travail bien fait. La mission d’un créateur est d’utiliser son talent, ses compétences et, oui, sa créativité pour traduire la vision du client et servir le projet. Mais comment ça marche, la création? Je dis souvent que mon métier est constitué de 10% d’inspiration et de 90% de correction. C’est un boulot comme les autres; on doit souvent recommencer et retravailler encore et encore. Le vrai travail de création se passe entre la première discussion avec le client et le premier jet (le jour où le client voit son projet devenir concret pour la première fois); nous nous retrouvons alors dans la création pure. On peut faire un, deux ou trois concepts, parfois plus, mais c’est à ce moment-là où nous sommes seuls avec le projet. Il est sous notre contrôle. Nous inventons l’histoire du projet. Cela peut vous paraitre ésotérique, mais c’est la partie la plus amusante – personnellement, celle que je préfère. La suite est une valse entre nous et le client et ça peut être très plaisant de valser, quand on a un bon partenaire. Et j’ai la chance d’en avoir de très bons. La créativité, ça vient d’où? «Tu prends ça où, tes idées?» Cette question, on me l’a souvent posée. Nous sommes tous le fruit de ce que l’on connaît et de ce que l’on comprend et retient. Un professeur m’a dit un jour: «Arrête de prendre des notes. Ce qui est important pour toi, tu le retiendras.» Je dois reconnaître que ce conseil ne fonctionne pas pour tout le monde. Lorsque l’on discute avec un client, on comprend son projet, on voit son produit d’une certaine manière et personne n’en a la même vision. Si quelqu’un me raconte une histoire, je vois apparaître des images, qui ne seront certainement pas les mêmes que les vôtres ou celles d’un tiers. Plus jeune, j’ai beaucoup joué à des jeux de rôle, genre Donjons et Dragons. Quand je me remémore cette époque, je ne vois pas quatre ou cinq jeunes autour d’une table qui lancent des dés. Je vois des châteaux, des donjons, des coffres au trésor. Mon imagination est faite d’images, tandis que pour d’autres, leur imaginaire est fait de mots, de chiffres ou de plans architecturaux. La créativité émane de partout. C’est comme un récepteur radio qui change constamment de poste: trois secondes de conversation, deux minutes de télé, une image, une histoire, etc. Elle reste dans notre imaginaire et sort lorsqu’on en a besoin. Il n’y a pas de mauvaise idée, seulement des idées qui ne sont pas à la bonne place. La créativité, est-ce que ça s’enseigne? Je le crois sincèrement. Nous possédons tous une certaine forme de créativité. Je connais des mécaniciens créatifs, des avocats créatifs, et les enfants ont tous une sacrée dose de créativité. La difficulté que nous avons est de puiser au besoin dans cette créativité qui est en nous et de la laisser aller. La gêne, la pression extérieure, cette petite voix qui nous chuchote: «Est-ce vraiment une bonne idée?»: voilà ce qui nous empêche d’exprimer notre créativité. Les gens les plus créatifs sont ceux qui ne savent pas se censurer ou qui refusent volontairement de le faire. Bien sûr, comprendre la base est essentiel. Je ne pourrais pas être un physicien créatif si je ne connaissais rien à la physique. Car lorsqu’on connaît la boîte, on peut plus facilement penser en dehors de celle-ci. La créativité est comme un muscle: ça se travaille, ça s’entraine. Inspirez-vous de milieux qui sont différents du vôtre: la mode, le cinéma, la littérature, le jeu vidéo. Les remue-méninges ou fameuses réunions de «brainstorm»; ces rencontres devraient être courtes: 45 minutes, une heure tout au plus. Et aucune idée ne devrait être mise de côté. Toute idée est bonne – même les idées dites «champ gauche», car elles vont susciter d’autres idées chez les autres – et, qui sait, une blague terne pourrait bien déboucher sur une idée brillante. On doit écouter et contribuer, ce doit être un exercice plaisant et volontaire. Toutes les idées ne seront pas retenues et quelqu’un devra éventuellement trancher. L’exercice n’a rien de personnel. Alors pour vous alléger la tâche, laissez votre égo au vestiaire. Et pour rester productif, rappelez-vous ceci: la première bonne idée est souvent la meilleure. En conclusion Que vous soyez créatifs ou non, utilisez votre créativité aussi souvent que vous le pouvez. Ayez l’esprit ouvert et abordez le processus de créativité de manière positive. Vous n’en serez que plus productif.
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